Ce n’est pas le marin qui a les meilleurs yeux.
Des navires sans nombres se frappent aux écueils
Qui a les meilleurs yeux? Un enfant? Une femme?
C’est peut-être un malade chez les tuberculeux
qui va mourir bientôt, qui donnerait sa vue
aux marins de la mer, en échange de rien;
et qui serait content de se priver de voir;
afin que les navires ne frappent plus l’écueil.
Mais cela est un rêve. On ne peut pas changer
des yeux pour d’autres yeux. Cela est impossible.
Est-ce bien l’ouvrier qui a les meilleurs bras?
Pour charroyer la pierre, déplacer les fardeaux?
Qui a les meilleurs bras? Serait-ce un cul-de-jatte?
Car les faiseurs de ponts, les perceurs de montagnes
n’ont pas toujours le corps fait pour tirer des poids;
souvent ils sont petits, malades et chétifs;
moi, je connais des prêtres, gêner, embarrassés
d’être bâtis en lions, qui donneraient leurs
aux ouvriers des ponts, aux ouvriers des routes;
puisqu’ils vivent d’esprit, ils s’en passeraient bien.
Mais cela est un rêve. L’échange est impossible.
Pour écrire des livres, l’ouïe n’est pas nécessaire;
l’écrivain sans silence n’est pas un écrivain.
Les poètes sincères, pour ne jamais entendre
que le bruit de leurs âmes, donneraient bien aux sourds
leurs deux oreilles et tout; et les sourds sortiraient,
Travailleraient dehors, seraient heureux d’entendre.
Mais cela est un rêve. Les écrivains entendent
et souvent ça leur nuit. Ils en sont malheureux.
Pourquoi les beaux cheveux vont-ils aux religieuses?
Et les plus belles voix aux guides des montagnes?
Et les tailles de reines à des filles du peuple?
Et les doigts de pianistes à d’obscurs fonctionnaires?
Des grandes amitiés à d’affreux criminels?
Et des âmes d’artistes à des tailleurs de pierre?
Et tous ces cœurs de saintes à d’ignorantes femmes?
Après la création des hommes et de la mer,
du feu et des étoiles, Dieu, sachant l’avenir,
a détourné la tête. Il a pris la Beauté
et s’est fermé les yeux. Il l’a jetée en l’air,
au hasard dans le temps, comme du sable au vent.
Voilà pourquoi peut-être, les riches sont si pauvres,
et les pauvres si riches. Ce qu’Il fait est bien fait.
Des navires sans nombres se frappent aux écueils
Qui a les meilleurs yeux? Un enfant? Une femme?
C’est peut-être un malade chez les tuberculeux
qui va mourir bientôt, qui donnerait sa vue
aux marins de la mer, en échange de rien;
et qui serait content de se priver de voir;
afin que les navires ne frappent plus l’écueil.
Mais cela est un rêve. On ne peut pas changer
des yeux pour d’autres yeux. Cela est impossible.
Est-ce bien l’ouvrier qui a les meilleurs bras?
Pour charroyer la pierre, déplacer les fardeaux?
Qui a les meilleurs bras? Serait-ce un cul-de-jatte?
Car les faiseurs de ponts, les perceurs de montagnes
n’ont pas toujours le corps fait pour tirer des poids;
souvent ils sont petits, malades et chétifs;
moi, je connais des prêtres, gêner, embarrassés
d’être bâtis en lions, qui donneraient leurs
aux ouvriers des ponts, aux ouvriers des routes;
puisqu’ils vivent d’esprit, ils s’en passeraient bien.
Mais cela est un rêve. L’échange est impossible.
Pour écrire des livres, l’ouïe n’est pas nécessaire;
l’écrivain sans silence n’est pas un écrivain.
Les poètes sincères, pour ne jamais entendre
que le bruit de leurs âmes, donneraient bien aux sourds
leurs deux oreilles et tout; et les sourds sortiraient,
Travailleraient dehors, seraient heureux d’entendre.
Mais cela est un rêve. Les écrivains entendent
et souvent ça leur nuit. Ils en sont malheureux.
Pourquoi les beaux cheveux vont-ils aux religieuses?
Et les plus belles voix aux guides des montagnes?
Et les tailles de reines à des filles du peuple?
Et les doigts de pianistes à d’obscurs fonctionnaires?
Des grandes amitiés à d’affreux criminels?
Et des âmes d’artistes à des tailleurs de pierre?
Et tous ces cœurs de saintes à d’ignorantes femmes?
Après la création des hommes et de la mer,
du feu et des étoiles, Dieu, sachant l’avenir,
a détourné la tête. Il a pris la Beauté
et s’est fermé les yeux. Il l’a jetée en l’air,
au hasard dans le temps, comme du sable au vent.
Voilà pourquoi peut-être, les riches sont si pauvres,
et les pauvres si riches. Ce qu’Il fait est bien fait.
Félix Leclerc
2 commentaires:
Et oui Pourquoi ?????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????
Tu ne m'as pas répondu au pourquoi ?
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