lundi 22 juin 2009

Ps. 23 chap. 6

Chapitre 6
Il me conduit dans les sentiers de la Justice,
à cause de Son Nom


Les brebis sont des animaux d’habitude au point où elles creusent de profond par leur inlassable allées et venues dans les mêmes sentiers, ou bien par leurs perpétuels broutages au même endroit. Elles peuvent faire d’un paradis d’herbes grasses un véritable désert si le berger n’est pas vigilant sur l’état du troupeau et du terrain. En effet elles ont tendances si elles sont laissées à elles-mêmes de toujours manger et à se « soulager » aux mêmes endroits. Ce qui appauvris le sol (elles broutent jusqu’ à la racine) et le pollues grandement.

Un préjugé aussi tenace que faux est que les moutons peuvent brouter n’importe quoi, n’importe où. Il n’y a rien de plus faux. Les brebis sont aussi capricieuses et délicates que têtues et grégaires. On reconnaît donc un bon berger à sa capacité de faire des plans de pâturages de façon systématique et prévoyante. Pour ma part ce fut ce qui prit le plus clair de mon temps pendant mes années pastorales. Des animaux bien repus et gras ainsi que des pâturages bien vert et généreux sont des signes qui ne trompent pas. Cela va donc de soit qu’un berger intentionné scrutera avec attention et de façon constante, l’état des animaux, du troupeau en général e la qualité du terrain. La seule technique vraiment efficace est de déplacer constamment le troupeau d’un pâturage à l’autre. Ça suppose donc une connaissance des environs plus ou moins lointains, des habitude du troupeau et de la « capacité de récupération » des pâturages usés. Ceci vaut aussi pour les bergers nomades ou semi-nomades. Avant de voir les parallèles (comme c’est maintenant la coutume entre nous) avec nos ovidés et nous, il convient de mentionner que les brebis deviennent comme ivres de joie et de bonheur quand elle découvre les nouveaux pâturages misent à leurs dispositions.

Tournons-nous maintenant vers nous mes petits agneaux. Il est navrant et même gênant parfois de constater le parfait parallèle entre elles et nous. Ce n’est pas par hasard que Dieu nous compare à nos sœurs ruminantes. Nous sommes plus souvent qu’autrement orgueilleux et centré sur nous-même. Nous sommes présomptueux et notre soif d’autonomie n’a d’égal que notre fort tempérament grégaire. Nous avons tendance à toujours vouloir suivre NOTRE VOIE PERSONNELLE et ce parfois même au risque de notre ruine ou de détours aussi pénibles qu’inutiles (Isaïe 53, 6; Proverbes 14, 12 et 16, 25). Et ce même si nous connaissons ces douces paroles du Bon Berger : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14, 16) et « Je suis venu afin qu’elles aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10, 10). Notre orgueil est tel qu’on n’accepte que difficilement d’être à la suite du Bon Berger et d’en être dépendant pour ce qui est de notre bonheur.

Jésus n’est pas à critiquer puisqu’il nous a toujours dit les choses comme elles se présentent (Marc 8, 34). On pourrait résumé ce qu’il nous demande et attends de notre part en sept points.

1-)Au lieu de m’aimer moi-même, je veux aimer Christ de tout mon cœur et les autres plus que moi-même (attention il n’est pas question de la légitime estime de soi).

2-)Au lieu d’être perdu dans la foule, je veux m’en séparer, sortir de la masse. Ici prenez le temps de bien mesurer combien nous sommes grégaire au point de nous conformer aux consensus sociaux au détriment, parfois, de nos propres opinions.

3-)Au lieu de revendiquer mes droits, je veux y renoncer en faveur des autres. Comparons simplement notre degré d’indignation entre ces 2 tendances!

4-)Au lieu d’être « le chef », je désir être en bas de l’échelle. En terminologie de troupeau, au lieu d’être « meneur », je veux être en « queue ». L’évidence est telle que je n’ajoute rien à cette affirmation de notre auteur.

5-)Au lieu d’incriminer la vie et de toujours demander « pourquoi ?» je veux accepter chaque événement dans une attitude de gratitude. Idem au point 4.

6-)Au lieu d’exercer et d’affirmer ma volonté, j’apprends à coopérer aux désirs de Dieu et à me complaire en sa volonté. La grande majorité d’entre nous connaissons suffisamment Jésus et son enseignement pour se remettre en question sans pouvoir se cacher derrière la « sainte ignorance ».

7-)Au lieu de choisir ma propre voie, je veux suivre le chemin du Christ, c’est-à-dire faire ce qu’Il me demande de faire. Soyons franc envers soi-même, combien de fois nous arrive-t-il de faire taire la petite voie de notre conscience pour faire à notre idée et ainsi faire double jeu.


Nous pouvons nous consoler encore une fois par ces propres paroles : « Il le rendra possible (l’accomplissement de Sa volonté) par Son Saint-Esprit donné à ceux qui obéissent » (Actes des apôtres 5, 32). Car c’est Lui « qui produit en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir (Philipiens 2, 13).

vendredi 5 juin 2009

POURQUOI ?


Ce n’est pas le marin qui a les meilleurs yeux.
Des navires sans nombres se frappent aux écueils
Qui a les meilleurs yeux? Un enfant? Une femme?
C’est peut-être un malade chez les tuberculeux
qui va mourir bientôt, qui donnerait sa vue
aux marins de la mer, en échange de rien;
et qui serait content de se priver de voir;
afin que les navires ne frappent plus l’écueil.
Mais cela est un rêve. On ne peut pas changer
des yeux pour d’autres yeux. Cela est impossible.

Est-ce bien l’ouvrier qui a les meilleurs bras?
Pour charroyer la pierre, déplacer les fardeaux?
Qui a les meilleurs bras? Serait-ce un cul-de-jatte?
Car les faiseurs de ponts, les perceurs de montagnes
n’ont pas toujours le corps fait pour tirer des poids;
souvent ils sont petits, malades et chétifs;
moi, je connais des prêtres, gêner, embarrassés
d’être bâtis en lions, qui donneraient leurs
aux ouvriers des ponts, aux ouvriers des routes;
puisqu’ils vivent d’esprit, ils s’en passeraient bien.
Mais cela est un rêve. L’échange est impossible.

Pour écrire des livres, l’ouïe n’est pas nécessaire;
l’écrivain sans silence n’est pas un écrivain.
Les poètes sincères, pour ne jamais entendre
que le bruit de leurs âmes, donneraient bien aux sourds
leurs deux oreilles et tout; et les sourds sortiraient,
Travailleraient dehors, seraient heureux d’entendre.
Mais cela est un rêve. Les écrivains entendent
et souvent ça leur nuit. Ils en sont malheureux.

Pourquoi les beaux cheveux vont-ils aux religieuses?
Et les plus belles voix aux guides des montagnes?
Et les tailles de reines à des filles du peuple?
Et les doigts de pianistes à d’obscurs fonctionnaires?
Des grandes amitiés à d’affreux criminels?
Et des âmes d’artistes à des tailleurs de pierre?
Et tous ces cœurs de saintes à d’ignorantes femmes?

Après la création des hommes et de la mer,
du feu et des étoiles, Dieu, sachant l’avenir,
a détourné la tête. Il a pris la Beauté
et s’est fermé les yeux. Il l’a jetée en l’air,
au hasard dans le temps, comme du sable au vent.
Voilà pourquoi peut-être, les riches sont si pauvres,
et les pauvres si riches. Ce qu’Il fait est bien fait.
Félix Leclerc